Episode n°1 (il y en aura d'autres... sans doute beaucoup...)
A la suite du rendez-vous avec la "Mission Insertion" (cf article "un point sur ma situation"), j'ai donc été propulsée tout droit dans le monde des chercheurs d'emploi.
Pendant ce rendez-vous j'avais le choix entre rester à ne rien faire (ce qui devait être savamment justifié, dans mon cas celà aurait pu être la difficulté de trouver un emploi avec le syndrome d'Asperger) et être suivie par une assistante sociale, ou bien reprendre le chemin du travail et de la recherche d'emploi.
Mon choix a été rapide: au diable leurs assistantes sociales, et tous types de pies griéches apparentés, qui gagnent leur vie à régenter celle des autres de façon ô combien utile...
Mais c'était sans penser à toutes les difficultés auquelles j'allais me retrouver confrontée...
A peine deux semaines après ce rendez-vous, une association d'aide au retour à l'emploi a mis la main sur moi. (On la nommera ARE)
Il s'agit, en gros, d'une sorte de suivi comme au pôle emploi mais réservé aux personnes ayant un minimum de Bac +2.
Premier rendez-vous avec ARE:
Le premier rendez-vous est fructueux à un point que l'on ne peut imaginer.
Les deux dames me présentent leur association, en quoi va consister le suivi et comment il va s'organiser: refaire mon CV, ma lettre de motivation, m'entrainer aux entretiens, m'aider à trouver des adresses d'employeur, etc...
C'est évident, on a bac +2 mais on a besoin d'aide pour écrire une lettre de motivation et chercher des petites annonces. J'adore.
Ensuite je dois me présenter.
Comme à mon habitude, celà est fait en deux ou trois petites phrases grand maximum.
Je leur dis que j'aimerais trouver un emploi qui correspond à ce que j'ai fait jusqu'à présent, dans le domaine de l'éducation auprès d'enfants handicapés. Je les informe rapidement que j'ai un statut de travailleur handicapé car j'ai le syndrome d'Asperger. Evidemment, on ne sait pas ce que c'est. Je leur dis que c'est un problème dans les relations sociales. J'imagine qu'elles se satisferont de ce très bref résumé et ne prendront pas la peine de se renseigner outre mesure sur le sujet.
Elles me disent qu'il faudra quand même que j'aille m'inscrire à Pôle Emploi. Ce sera fait le lendemain même, et quelques jours après je recevrai une convocation la veille pour le lendemain... Et j'irai, parce que je suis une bonne petite élève sérieuse.
A la fin du rendez-vous, je parviens tout de même à leur parler de la proposition que l'on m'avait faite à l'IME où j'ai travaillé: m'offrir un poste adapté à mes compétences et suivre une formation d'éduc spé en cours d'emploi, lorsque j'aurais obtenu le statut de travailleur handicapé. Je leur dis que depuis je n'ai pas osé les recontacter (mais je n'ai pas le courage de m'étaler sur les détails, sur le fait que mon contrat s'est terminé en arrêt maladie forcé, etc.). Elles me disent qu'elle vont contacter l'IME.
Sur ce point, je me dis qu'il y aura peut-être une utilité à toute cette mascarade.
Le rendez-vous au Pôle Emploi:
Bien joué, c'est une dinde qui s'occupe de mon dossier.
Elle ne comprend pas ce que j'ai fait, ce que je veux faire, ne me demande même pas pour quel handicap j'ai le statut de TH. Je me retrouve à chercher un emploi d'"Agent des Services Hospitaliers" à temps partiel. Ben oui, à l'IME j'avais le statut d'ASH et comme je n'ai pas de diplôme d'éduc et que la licence de psycho ne donne un accès direct à aucun emploi, et bien voilà. Je vais me retrouver femme de ménage dans les hôpitaux.
Je lui dis que je suis dejà suivie par PISTE et que ce sont elles qui m'ont dit de m'inscrire à Pôle Emploi. Elle me dit qu'il faudra quand même que je vienne aux entretiens tous les mois à partir de Septembre. Je lui précise gentiment que cela me fait 100km aller-retour et ma petite à faire garder, et que d'ailleurs j'ai déjà tout juste de quoi vivre pour elle et moi et que l'essence ce n'est pas gratuit... Mais bon, tant pis, s'il le faut je le ferai car je suis une bonne petite élève sérieuse.
En prime, elle me parle de CAP Emploi qui suit les personnes reconnues TH, et d'une formation qu'ils proposent à partir du mois de Septembre: un truc du genre "comment réussir sa recherche d'emploi", plusieurs jours par semaine et étalée sur plusieurs mois. Une formation pour devenir chercheur d'emploi. Quel avenir, pourquoi n'y avais-je songé plus tôt?!
Je lui dis que des trucs comme ça ne m'interessent pas, que je ne pense pas que cela puisse m'être utile et que ça me demanderait bien trop d'effort pour rien: payer les trajets de 100km par jour pour y aller, faire garder Judith,...
Plus tard au cours de l'entretien, elle me case "ce qu'il faut c'est de la bonne volonté, il ne faut pas refuser d'emblée tout ce qu'on vous propose".... Ben tiens!
Deuxième rendez-vous ARE:
(Je passe les détails sur la course effrénée que j'ai faite pour confier Judith à ma mère, qui avait justement elle aussi rdv à Troyes ce jour là, et sur le fait que Judith s'est tapé 3h de route non stop avec un repas sur le pouce, pour que je puisse me rendre à ce rdv d'une utilité qui ne saurait être remise en question...)
Je m'impatientais de savoir si elle avait appelé l'IME, si elle avait des détails sur cette formation qu'ils me proposaient, j'esperais même qu'on puisse appeler des IME aux alentours de Melun pour savoir s'ils seraient d'accord pour m'embaucher dans un cadre similaire...
J'arrive, elle me sors "bon, aujourd'hui on va retravailler votre CV"
"Heu... oui... ok"
Voilà tout.
Et oui, on a passé une heure à refaire mon CV. Qui ne me correspond plus du tout, notons le au passage.
Elle m'a forcé à y mentionner des choses sans utilité, du genre:
J'ai mis sur pieds un cours de brossage de dents quand j'étais en Inde.
J'ai observé les ateliers de la psychomotricienne et de l'ergothérapeute quand j'ai fait mon stage de licence.
Heu... on s'en fout je crois, non? C'est un stage d'observation en psychologie, tout est dans le titre, ma tâche principale est d'observer les méthodes du psy. Et machine me demande de lui raconter ce que j'ai fait concrètement et elle veut tout noter sur le CV. J'ai eu la présence d'esprit de ne pas lui dire que j'avais donné la becquée pendant les repas.
Au milieu de tout ça, j'arrive à lui glisser rapidement une petite question sur le coup de fil qu'elle m'a dit qu'elle passerait. Elle me répond qu'elle ne l'a pas fait, qu'on va d'abord s'occuper de refaire mon CV car c'est un outil dont j'aurais besoin quoi qu'il arrive, et ensuite on s'attachera à me chercher une formation...
J'ai perdu 3h de mon temps, j'ai pollué la planète en roulant pour rien, j'ai dépensé des thunes qui auraient pu me servir à acheter un petit jouet pour Judith, j'ai gagné ma journée.
Et, juste pour rire, je tenais à mentionner quelques petites phrases qu'elle m'a sorties et qui illustrent parfaitement à quel point elle a compris de quoi je souffre et qu'elle le prend en compte:
"Ce qui compte, c'est que vous puissiez parler de votre experience"
"On se défend toujours mieux en face à face que par écrit"